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La Musique Chinoise des Cinq Eléments donne un aperçu de la vision du monde d’un point de vue chinois. Elle reflète l'importance de l'Empereur dans la société, à travers une forte symbolique, reliant ce personnage aux aspects fondamentaux de la musique.

L'Empereur Jaune comme père de la musique chinoise

       L’Empereur Jaune (黄帝 Huáng Dì), considéré comme le père de la civilisation chinoise, fut l’un des premiers dictateurs à avoir recourt à la musique afin d’asseoir son règne et son pouvoir politique auprès du peuple. C’est ainsi qu’avec l’aide de Ling Lun, son maître de musique, il créa des instruments prévus comme armes politiques afin de corriger les hommes. Ainsi, ce jeune maître développa les cinq sons de la musique chinoise actuelle, ainsi que les Cinq Instruments reliés aux Cinq Eléments: la terre, le métal, le bois, l'eau et le feu.

 

           Personnage majeur du Qi, un centre intellectuel important de cette époque, beaucoup le voient aussi comme patron de la médecine, de l’alchimie ou encore de techniques d’immortalité. Aujourd’hui, il est en outre considéré comme co-fondateur du taoïsme.

 

          Son règne date de 2698 à 2597 (260-210) avant J.C, pendant la haute antiquité et les années des Royaumes Combattants. Selon le Livre des Han, lignée dans laquelle il a occupé une place importante, ce dernier aurait eut quatre épouses, parmi lesquelles on retrouve Leizu, la plus importante de toutes, symbole de la soie qui se trouve être l’un des matériaux associés aux instruments et aux éléments.

 

   L’importance de la musique au sein du domaine politique chinois a persisté longtemps après le règne de l’Empereur Jaune. Sous la dynastie des Zhou, la création du poste de ministre de la musique en est la preuve. La musique chinoise des cinq éléments est unique ; elle ne peut être jouée sans ses instruments et ses instruments ne sont aptes que pour cette musique. De même, à l’époque, l’éducation musicale se faisait oralement, ce qui explique sa singularité.

 

      La théorie des Cinq Eléments, aujourd’hui considérée comme racine de la culture chinoise, n’a pas toujours été populaire. A l’époque des Royaumes Combattants, cette dernière a connu une période très fructueuse, pendant laquelle elle fut appliquée a beaucoup de domaines comme l’astrologie, la médecine et surtout la musique. Cependant, au début de 1er siècle des critiques firent surface - le philosophe Wang Chong, par exemple, prit une position sceptique par rapport au sujet. Finalement, à la fin de la dynastie Han, l'influence de la théorie des Cinq Eléments en médecine chinoise a commencé à décliner ; mais cette théorie est toujours considérée aujourd’hui comme une part essentielle de la culture chinoise.

Une note, pillier de l'harmonie

Des textes chinois affirment qu’en 2697 av JC (comme vu auparavant), Huang Di a demandé à Ling Lun, jeune maître de musique de créer pour lui un éventail d’instruments et de notes qu’il tournerait en armes politiques. Celui-ci alla donc, selon les ordres de son Empereur, dans les montagnes de l’Ouest couper des pipes de bambous.

 

Il est dit que ce dernier créa des flûtes de bambous ayant la capacité de reproduire le son d’une multitude d’oiseaux, parmi lesquels on retrouve notamment celui du phoenix. Dans la mythologie grecque, le phoenix (ou phenix), associé au soleil, est décrit ayant la capacité de se réincarner à partir des cendres de son prédécesseur. Dans le monde chinois plus particulièrement, il est relié directement avec l’idée d’une certaine harmonie dans le reigne de l’Empereur.

 

Selon Lushi Chunqiu (ou Annales des Printemps et des Automnes de Lü), Ling Lun avait en surplus pour but de trouver une note à partir de laquelle se baserait le reste de la musique chinoise. Il est dit qu’il choisi donc un bambou de 9.9 centimètres et que le on qui en sortit (note fa) fut établit comme telle. C’est ainsi qu’il parvint à développer les huit sons qui compose la musique chinoise d’aujourd’hui ainsi que les cinq notes à la base de la musique chinoise des cinq éléments : gong, shang, jiao, ahi et yu (do, re, mi, so et la).

Un Culte qui traduit une vision du monde

Beaucoup des symboles associés à l’Empereur peuvent être retrouvés au sein de la musique elle-même. Utilisée au plus près du peuple, elle reflète tout le culte attribué envers l’Empereur à cette époque ainsi que l’importance de ce dernier dans la culture chinoise.

 

          De vrai nom Huang Di, l’Empereur était alors associé à la Terre, son nom désignant la couleur jaune, emblème de cet élément. Il est dit que pendant son ascension, on a vu apparaître des vers de terre et des fourmis énormes. Il dit alors : "Ceci indique que l'élément Terre est ascendant, aussi le jaune doit-il être notre couleur, et nos affaires placées sous le signe de la Terre". Ainsi cet élément était considéré comme le centre de l’univers, avec les quatre autres éléments l’entourant, mais aussi comme centre de toutes les réactions à l’échelle humaine. Quant à la couleur jaune, elle s’apparente à la richesse, au pouvoir et à la sagesse. Elle imageait donc par conséquent tout ce que l’Empereur de Chine devait représenter. Cette couleur fut aussi associée à la note jaune, une note très pure qui fut émise du premier instrument de Ling Lun. C’est la note aujourd’hui appelé FA. Elle est fondatrice de toutes les gammes ou variations de la musique chinoise. C’est la note de départ, la première note créée, la plus importante.

 

Le tube étalon de bambou, le premier des instruments à la base de toute culture musicale chinoise. Cet instrument fut connecté avec le symbole du dragon. Le dragon, qui représente lui aussi le pouvoir de l’Empereur, est également inséré au sein de la culture musicale chinoise. Cet animal légendaire présente le souverain comme un être idyllique et surhumain, tout en le reliant aux Dieux et à l’univers céleste. Selon le Shiji, Huang Di accomplit un jour un sacrifice qui donna surface à deux dragons jaunes, qui devinrent dès lors l’emblème du souverain lui-même. Finalement, ce dernier était aussi considéré comme le Dieu du tonnerre alors qu’il était vénéré par son peuple.

 

     Les symbols mythologiques et légendaires associés à l’empereur qui sont représentés à travers de la musique des cinq élément reflètent donc la vision antique chinoise avec l’image d’un empereur surhumain.

 

Cette musique chinoise aux symboles très marqués par la royauté et la puissance d’un empereur, traduit une volonté de créer une vision du monde pour le peuple chinois qui passe par la hiérarchisation d’une société, soulignant l’importance de l’Empereur. Cette importance est d’autant plus marquée que l’Empereur est associé aux symboles les plus importants et aux notes fondatrices.

 

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